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Les logiciels classiques de gestion immobilière

Les logiciels classiques de gestion immobilière comme TBMAESTRO ou UBLO dominent le marché, mais leurs limites apparaissent. Découvrez pourquoi les solutions no/low code comme Notion, Airtable ou Coda bouleversent la gestion d'actifs immobiliers.

Mis à jour le

1/11/2025

La gestion immobilière, dont celle des établissements médico-sociaux, s’est longtemps appuyée sur des logiciels dits « classiques ». Ces outils, développés par des éditeurs spécialisés, ont permis de centraliser la donnée patrimoniale, de suivre les travaux et d’améliorer la conformité.
Mais face à la transformation numérique, à la recherche d’agilité et à l’essor des plateformes collaboratives, ce modèle atteint aujourd’hui ses limites.

Une nouvelle génération d’outils no/low code, plus souples et personnalisables, s’impose peu à peu dans les directions immobilières et techniques du médico-social.

Pourquoi les logiciels classiques ont longtemps dominé

Les outils de gestion patrimoniale comme TBMAESTRO, UBLO, Assetti ou encore Arpège se sont imposés dans les établissements publics, hospitaliers et médico-sociaux pour trois raisons principales :

  • Structurer les données immobilières : surfaces, états techniques, conformité réglementaire, coûts d’entretien.
  • Piloter les travaux et investissements : plan pluriannuel, suivi des opérations, indicateurs de performance.
  • Répondre aux exigences de reporting des tutelles (ARS, Conseils Départementaux, directions générales).

Ces solutions offrent un cadre robuste, des modules complets (maintenance, énergie, patrimoine, travaux, etc.) et une traçabilité conforme aux exigences des audits.

Elles ont permis aux gestionnaires de sortir d’Excel et de poser les bases d’une culture de la donnée immobilière.

Les limites structurelles des logiciels traditionnels

Malgré leur rôle historique, ces solutions montrent aujourd’hui des fragilités importantes face aux besoins de modernisation et d’agilité.

Une dépendance forte au code propriétaire

La plupart de ces outils sont propriétaires : leur code source appartient à l’éditeur, ce qui limite fortement la liberté d’évolution.
Résultat : les utilisateurs dépendent entièrement de l’éditeur pour chaque mise à jour, correction ou évolution fonctionnelle.

En pratique, cela se traduit par :

  • des délais longs pour ajouter ou modifier une fonctionnalité,
  • une impossibilité de connecter simplement le logiciel à d’autres outils (API fermées),
  • et un risque de verrouillage technologique (vendor lock-in).

Des interfaces rigides et peu collaboratives

Les utilisateurs reprochent souvent à ces logiciels leur ergonomie vieillissante :

  • navigation lourde,
  • menus figés,
  • courbe d’apprentissage complexe,
  • interfaces peu adaptées aux usages mobiles.

Dans un contexte où les directions techniques, les gestionnaires, les administratifs et les AMO doivent collaborer, ces outils peinent à offrir la souplesse nécessaire.

Un modèle économique lourd

Les logiciels classiques reposent souvent sur :

  • une licence annuelle ou des abonnements par utilisateur,
  • des coûts de paramétrage initiaux élevés,
  • des prestations d’assistance payantes.

Les coûts d’entrée et de maintenance deviennent rapidement disproportionnés pour les structures de taille moyenne, en particulier dans le secteur associatif médico-social.

Une grille de comparaison indicative

Logiciel Positionnement Points forts Limites
TBMAESTRO Solution experte du diagnostic et du pilotage immobilier Analyses techniques puissantes, outil reconnu du secteur public Ergonomie datée, faible interopérabilité, coût élevé
UBLO Plateforme de gestion de patrimoine orientée immobilier social Modules complets, bon suivi des opérations, reporting avancé Dépendance éditeur, personnalisation limitée, modèle de licence rigide
Assetti / Arpège Solutions généralistes multi-domaines Approche consolidée du patrimoine et du suivi des coûts Complexité d’usage, intégration faible avec les outils modernes

Pourquoi le déploiement d’un outil classique échoue souvent

Dans les faits, le déploiement d’un logiciel de gestion immobilière « clé en main » échoue dans près de huit cas sur dix.
Non pas parce que les solutions sont mauvaises, mais parce que leur implémentation est souvent déconnectée des usages réels.

Une approche trop verticale

La mise en place d’un logiciel de gestion patrimoniale se fait fréquemment selon une logique top-down :
la direction générale ou le service informatique choisit un outil pour « structurer la donnée », sans toujours impliquer les équipes qui vont l’utiliser au quotidien.

Résultat :

  • le logiciel est perçu comme une contrainte et non comme une aide ;
  • les données sont incomplètes, mal renseignées ou non actualisées ;
  • les utilisateurs se démotivent, faute de voir un bénéfice concret dans leur quotidien.
Le problème ne vient pas de la technologie, mais de la méthode de déploiement : un outil imposé d’en haut, sans appropriation, reste un outil vide.

Des besoins mal cadrés

Les directions immobilières des ESMS ont des réalités opérationnelles très variées : patrimoine dispersé, équipes techniques réduites, ressources hétérogènes.
Or, les logiciels classiques supposent souvent une maturité numérique homogène et des process déjà bien établis.
Dans ce contexte, l’outil ne colle pas aux besoins, et l’écart entre le modèle idéal et le terrain se creuse.

Une alternative plus agile : commencer petit, itératif et participatif

Les outils no/low code inversent la logique.
Plutôt que d’imposer une solution globale à tous, on démarre petit, sur un besoin concret :
suivi des interventions, carnet d’entretien partagé, planification des contrôles réglementaires…

Ces outils permettent de prototyper rapidement, de tester avec un petit groupe d’utilisateurs et d’ajuster au fil des retours.
Les équipes de terrain deviennent co-conceptrices : elles enrichissent progressivement la solution, la valident, et la font évoluer en même temps que leurs pratiques.

💡 Résultat : la donnée est mieux renseignée, la solution réellement utilisée, et l’outil devient un levier de transformation collaborative, pas un carcan logiciel.

L’émergence d’un nouveau modèle : les outils no/low code

Face à ces limites, une nouvelle génération d’outils émerge : Notion, Airtable, Coda, SmartSuite ou encore Stacker.
Ils ne sont pas à l’origine conçus pour la gestion immobilière, mais leur souplesse et leur interfaçage natif en font des alternatives redoutables.

Qu’est-ce qu’un outil no/low code ?

Il s’agit de plateformes permettant de créer ses propres applications métier sans écrire de code, à partir de blocs logiques (bases de données, formulaires, vues, automatisations).
Elles permettent de construire un véritable “mini-ERP immobilier” en quelques jours, sur mesure.

Pourquoi ils séduisent les directions immobilières

  • Flexibilité totale : le modèle de données s’adapte à chaque structure, pas l’inverse.
  • Interopérabilité : connexion facile via API à des outils tiers (Google Sheets, PowerBI, Teams, etc.).
  • Coût réduit : quelques dizaines d’euros par mois au lieu de plusieurs milliers.
  • Expérience utilisateur fluide : interface moderne, mobile, collaborative et intuitive.

Une mutation déjà en marche

De plus en plus d’organismes médico-sociaux expérimentent des modèles hybrides :

  • Notion ou Airtable pour la centralisation et le reporting,
  • Excel ou PowerBI pour la data visualisation,
  • et des outils spécifiques pour les études techniques.

L’objectif n’est plus de s’enfermer dans une solution unique, mais de composer son écosystème numérique.
Une approche modulaire, vivante et évolutive, beaucoup plus proche des besoins réels du terrain.

Ce qu’il faut retenir

Les logiciels classiques de gestion immobilière ont rendu d’immenses services au secteur, mais leur cycle de vie touche à sa fin.
Face à des structures en recherche d’agilité, de connectivité et de maîtrise des coûts, les solutions no/low code s’imposent comme une révolution silencieuse.

Elles redonnent la main aux utilisateurs et ouvrent la voie à des outils ouverts, évolutifs et réellement adaptés aux métiers de demain.

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